la vie minérale

Situé à la croisé de plusieurs type de sous sol

Grés de Noailles

Grés de Collonges

Granit

Schiste

Calcaire

Le causse de Martel

Le causse de Martel possède des sols beaucoup plus variés que le causse de Gramat. Des placages de terrains argilo-sableux, voire gra- veleux, sont disposés de manière apparemment anarchique sur une grande partie de sa surface. On trouvera ainsi, à des altitudes identi- ques, des îlots de dimensions variables au sol acide et à végétation silicicole, parfaitement comparables à ceux de la Bouriane. Dans cette mosaïque de sols, on pourra toutefois différencier les secteurs suivants:

- au Nord-Ouest, entre Saint-Bonnet et Lacisque, de vastes cuvettes à fond plat possèdent des sols argilo-sableuxacides, épais et cultivables;
- traversant le causse du Grangié (3 km au Nord de Pinsac) à Loupchat, en passant par Baladou et Martel, les argiles à graviers
donnent des sols acides, localement épais, souvent caillouteux. Ces terrains sont fréquemment couverts de bois de châtaigniers et de résineux;

 

- les vastes cuvettes situées entre Baladou et Mayrac et aux Landes (2 km au Nord-Est de Martel), ainsi que la butte de Cabrejou, possèdent des sols sableux, légers, localement profonds et favorables à la culture (asperges, fraises, etc.). Ce secteur, irrigué en grande partie depuis la Dordogne, est essentiellement réservé à la culture du maïs. On notera la présence de nombreux noyers, cultivés avec soin.

Le reste du causse de Martel possède des sols rocailleux, identiques à ceux du causse de Gramat. Seuls les fonds des nombreuses dolines et des vallées sèches possèdent de maigres sols caillouteux permettant quelques cultures.

 

La vallée de la Dordogne

La vallée de la Dordogne, large de plusieurs kilomètres, contraste avec la rigueur des causses environnants. La fertilité de ses sols, unie à un climat beaucoup plus doux, et la présence d'eau dans son sous- sol, en ont fait depuis des temps reculés une région à vocation agricole.

 

Les sols de la basse plaine, souvent remaniés par les crues, offrent des sols sablo-limoneux profonds, localement caillouteux (gros galets en aval des falaises de Gluges); ils sont réservés à la culture légumière et à celle du tabac et du maïs. Sur les berges et dans les îles, on trouve de remarquables peupleraies.

 

Sur la terrasse, les sols sont argilo-limoneux, plus gras et à l'abri des inondations; les cultures sont identiques à celles de la basse plaine, auxquelles viennent s'ajouter des vergers et parfois la vigne. De vastes zones sont aussi consacrées à des cultures fourragères et à l'élevage bovin.

• Systèmes karstiques du causse de Martel. En revanche, sur le causse de Martel, les exutoires du Blagour, de Cacrey, de l'Œil de la Doue et de Briance sont des exurgences d'eau de pluie infiltrée et regroupée par le système seul. Il n'y a pas de karstification évoluée en amont et les réseaux spéléologiques ne sont pénétrables qu'à partir des exutoires de trop-plein (Boulet, Œil de la Doue) ou par plongée dans les sources (Cacrey, Briance). D'autre part, ce causse se caracté- rise par l'abondance d'altérites ferrugineuses et siliceuses sur les points hauts, dans les paléokarsts et remaniées jusqu'aux exutoires actuels.

Des sables rouges obstruent la puissante source du Blagour, au point que son fonctionnement s'apparente à celui d'un aquifère fissuré (étiage soutenu à 25 l/s, hydrogramme aux pics de crue lissés), si ce n'est que, tous les 2 à 4 ans, l'orifice karstique se désobstrue et libère violemment, en gerbes ascendantes, des trombes d'eau (débit supérieur à 10 m 3/ s), rappelant ainsi son rattachement à un

système karstique bien développé mais généralement non fonctionnel. Les crues habi- tuelles sont marquées par le fonctionnement du trop-plein du Boulet situé 30 m plus haut et dans une vallée différente (débit de 3 à 4 m3/s).

L'érosion fluviatile a décapé peu à peu les dépôts d'altérites en développant un réseau de vallée très dense (vallées sèches actuelles), puis l'érosion karstique s'est substituée à l'érosion de surface. Les limites des bassins-versants de systèmes karstiques sont proches de celles des paléobassins-versants des écoulements aériens.

RISQUES NATURELS

Cette région a une activité sismique faible à modérée. Toutefois, dans la période historique (Vogt et al., 1979) on note quelques trem- blements de terre importants (1302, 1335, 1490, 1660, 1873, 1923); l'intensité de ces séismes, souvent mal observée, a été estimée de V à VIII de l'échelle MSK*,

Pour mémoire, voici un récit concernant la vallée sèche en amont de la source karstique de l'Œil de la Doue (809-2-4, commune de Martel). « La terre a tremblé à Cressensac le 29 juin 1477, la rivière de l'Orup qui fertilisait le sol, à la place de l'actuelle combe de Vignon, est devenue une rivière souterraine qui ressurgit aujourd'hui à l'Œil de la Doue, à Murel. À l'occasion de pluies abondantes, la route de Cressensac à l'Hôpital-Saint-Jean est inondée à son passage à la combe de Vignon, c'est l'effet des eaux refoulées par en dessous. »(Pataki, 1984). Cressensac et l'Hôpital-Saint-Jean se trouvent 2 km au-delà de la marge septentrionale de la feuille (feuille Brive-la-Gail- larde); ce tremblement de terre très localisé n'est pas signalé par les chroniqueurs dans d'autres lieux de la région.

Inondations

La Dordogne, rivière aux eaux tumultueuses, sujette à des crues importantes, divague sur toute l'étendue de sa basse plaine. Ce phé- nomène, bien connu des riverains, est démontré par l'examen comparé de cartes topographiques et de photographies aériennes effectuées à quelques années d'intervalle. On observe de nombreux bras morts (les « borgnes parfois matérialisés par de simples mares allongées, témoignant de récents déplacements du lit de la rivière.

Dans la basse plaine, ont été cartographiés des talus peu élevés (2 à 3 m), discontinus, qui limitent une zone basse fréquemment inondée (pluriannuelle) d'un palier où les inondations sont moins fréquentes.

Le gouffre et la rivière souterraine de Padirac

Le gouffre et la rivière souterraine de Padirac sont considérés à juste titre comme un des sites les plus pittoresques de France. C'est le spéléologue E.A. Martel qui le premier, en 1889, découvre et entre- prend l'exploration de la rivière souterraine qu'il va poursuivre au cours d'une dizaine d'années. Depuis cette période, sous l'impulsion de G. de Lavaur et de J. Lesur, de nombreuses expéditions se sont succédé. Le réseau de galeries exondées topographié atteint actuellement plus de 22 km. Les explorations en scaphandre autonome, principalement effectuées par B. Léger, F. Le Guen et A. Beaucheron, ont ajouté plus de 5 km de galeries noyées entre l'aval de la rivière souterraine et la vasque de la fontaine Saint-Georges de Montvalent.

Pour le naturaliste, visitant le gouffre de Padirac, l'utilisation du guide géologique régional « Aquitaine orientale »* ou du guide de tourisme Michelin (vert) sera pleine d'enseignements.

Nous donnons seulement ici quelques compléments, concernant la géologie et la morphologie du site, et permettant d'en valoriser la visite.

Le puits de Padirac, remarquable gouffre d'effondrement, traverse, de son orifice à la « source» de la rivière souterraine à 103 m de profondeur, la formation de Cajarc (Bajocien supérieur et Bathonien inférieur). Celle-ci est caractérisée par des calcaires en bancs épais. La petite terrasse à 15 m de profondeur environ, a été aménagée sur un replat correspondant à un niveau plus argileux (discontinuité D14); celui-ci est responsable de suintements d'eau dans le puits et de la présence de plusieurs sources sur le plateau.

La galerie de la Source est un très bel exemple de galerie creusée en écoulement libre; les joints de stratification sont mis en valeur par l'érosion différentielle. Dans ce tronçon, on est surpris par l'horizon- talité des bancs calcaires et par l'absence de fissuration (pas de ruis- sellement). À proximité de l'embarcadère, 1 m au-dessus du sol, un niveau à géodes calcitiques marque la discontinuité D12 limitant au sommet la formation d'Autoire. Cette observation, qui paraît anodine, indique à l'hydrogéologue que la rivière de Padirac est localisée en ce point 70 m au-dessus des marnes toarciennes (mur imperméable des circulations karstiques du causse de Gramat), et non immédiatement au-dessus comme le mentionne la plupart des guides touristiques. En fait, cette position perchée au-dessus du mur imperméable est responsable de l'existence d'une rivière inférieure, à débit d'étiage plus important et qui coule à la verticale des galeries visitées.

La salle du Grand Dôme, dont la voûte domine la rivière souterraine de 90 m, n'est séparée de la surface du sol que par une dizaine de mètres de calcaires. L'évolution morphologique de cette salle peut, par effondrements successifs, former dans l'avenir un deuxième gouffre de Padirac. À son voisinage, la fissuration ouverte des parois et des voûtes permet un suintement d'eau chargée en carbonate de calcium. Le dépôt de ce minéral est à l'origine de l'harmonieux concrétionne- ment qui orne le lac de la Pluie, le pas du Crocodile et la salle du Grand Dôme.

La salle des Gands Gours, à la voûte basse à nombreuses coupoles, caractérise une galerie qui s'est formée en régime noyé. Au terminus de la visite, un monticule haut de quelques mètres occupe le centre de la galerie: il s'agit d'un lambeau de sédiments argilo-graveleux, entraîné par la rivière souterraine depuis l'extérieur, témoignant d'un ancien colmatage des galeries de Padirac.